Les Surveillants, dans la Loge, sont les deuxième et troisième Lumières de l’Atelier, immédiatement après le Vénérable en chaire.
Cela signifie que dans le cas d’une absence du Vénérable, c’est le premier Surveillant qui le remplace, ou le second, si le premier est indisponible.
L’origine des surveillants est opérative et très ancienne. Les « Trois Grandes Lumières de l’Atelier », dans plusieurs « Vieux Devoirs » bien antérieurs aux constitutions d’Anderson, sont : le Maître de Loge et des deux surveillants.
La définition des trois grandes lumières comme étant la Bible, l’équerre et le compas ne semble pas être antérieure au XVIIe siècle.
Les surveillants sont associés étroitement aux colonnes chacun d’entre eux siège « sur des colonnes du Temple et contrôle une des colonnes de l’Atelier.
Le premier Surveillant ou Surveillant Ancien surveille la colonne des Compagnons et le Second Surveillant ou Surveillant Nouveau surveille la colonne des Apprentis.
Là se pose le problème de la place exacte des surveillants en Loge. Le premier Surveillant siège à gauche, à côté de la colonne « B » et le second est à droite, à côté de la colonne « J « .
La place des Surveillants est aussi en relation avec le symbolisme cosmique du Temple.
Sur l’arbre Séphirothique, les surveillants correspondent à « Hod », la victoire et à « Netzah », la gloire. Le Premier Surveillant est « Mars » dont la rigueur et la force doivent être inflexibles et le Second est « Vénus ». Mars et Vénus sont opposés et se complètent : le premier est la force masculine et le second la grâce féminine. Les deux Surveillants forment les deux angles de la base du triangle ascendant qui « dirige » la Loge.
Si l’on figure l’homme couché dans le Temple, les Surveillants représentent les jambes.
Au plan du symbolisme des métaux, le Premier Surveillant représente l’Acier et le Second le cuivre. Les bijoux des Surveillants sont le niveau pour le Premier et la perpendiculaire pour le Second. Le Vénérable ouvre et ferme les travaux avec l’aide des Surveillants.
Ceux-ci, comme le Vénérable, tiennent le Maillet, outil de « commandement » en ce sens qu’il « marque » le temps et ponctue la durée au moyen de la percussion. Au Rite Écossais Ancien Accepté, ils passent le long des colonnes, armés de leur maillet, pour vérifier si tous les Frères présents sont Maçons réguliers, en les faisant se mettre à l’Ordre.
Pendant les travaux, c’est aux Surveillants que les frères des colonnes demandent la parole. Les Surveillants. transmettent ces demandes au Vénérable qui accorde ou non la parole. Les frères ne prennent la parole que lorsque le Surveillant de leur colonne leur a fait part de la décision du Vénérable.
Mais un Surveillant peut ne pas tenir compte d’une demande de prise de parole, s’il juge que cela est bien ainsi.
Les Surveillants prennent en charge la formation des nouveaux adeptes. Le second surveillant forme les apprentis et le premier surveillant forme les compagnons.
Les surveillants sont des initiateurs. Là réside l’essentiel de leur fonction.
Le second surveillant prépare les apprentis au compagnonnage et le premier surveillant prépare les compagnons à la maîtrise.
Dans une communauté fraternelle, le désir de progresser doit être nourri par les encouragements, les incitations et les enseignements procurés par des guides.
Les « Initiateurs » que sont les Surveillants ne doivent pas se borner à donner une formation exclusivement rituelle et formelle : comment on se tient, comment on prend la parole, etc.
Il leur appartient de faire comprendre aux apprentis et aux compagnons pourquoi et comment l’approfondissement des symboles élargit l’esprit, favorise l’introspection, libère des préjugés et des dogmes, permet de faire de l’ordre à l’intérieur de soi-même, construit la liberté intérieure et, de ce fait, permet et assure l’usage de la liberté.
l leur appartient de montrer toute la richesse du « Meurs et deviens ». Ils pétrissent l’avenir de la Loge et de la Franc-Maçonnerie.
S’ils ne sont pas à la hauteur de leur fonction, la Loge n’aura de maçonnique que le nom et ne ressemblera à rien d’autre qu’à un club et à une espèce de patronage pour adultes.
Bien sûr, la Loge est un corps vivant et, tel un corps vivant, si certaines de ses facultés sont défaillantes, d’autres peuvent compenser en devenant plus aiguës.
L’ouïe et l’odorat se développent lorsque les yeux s’éteignent. Des Officiers peuvent être défaillants et la Loge peut, quand même, fonctionner bien si d’autres officiers compensent.
Pour ce qui concerne les Surveillants, il n’est souvent pas inutile que le Vénérable se mêle de près à la formation des apprentis et des compagnons.
La structure traditionnelle de la Loge prévoit que tout doit être supervisé par le Vénérable. Néanmoins, si l’un des officiers ne fait pas convenablement son travail, la Loge est mutilée et cette mutilation est grave si les officiers défaillants sont les surveillants.
Le second surveillant est le plus responsable car il préside aux premiers pas des néophytes dans l’Art Royal.
Le Maître de la colonne du nord facilite ou, au contraire, rend difficile l’expansion de la lumière dans le Temple.
Il est nécessaire qu’il ait de nombreux contacts avec les apprentis, en dehors des réunions d’obligation. Ces contacts ne seront pas toujours des séances de travail. Ce peut être des sorties ensemble, des soirées de détente, meublées de conversations informelles qui ne seront pas toujours axées sur la Franc-Maçonnerie, mais qui seront toujours maçonniques quant à l’esprit.
Le second surveillant doit entretenir et favoriser les relations amicales et fraternelles avec les apprentis et entre les apprentis. Il doit être disponible, si les apprentis éprouvent l’envie de le consulter souvent, de le voir, de le questionner, de bavarder avec lui et même, tout simplement, de jouir de sa compagnie, alors cela est très bien et annonce, pour la Loge, un avenir merveilleux !
Les apprentis travaillent sur les symboles de leur degré et sur les symboles à leur degré, mais s’ils veulent fouiller au-delà, le second surveillant ne doit pas les empêcher.
Dans de nombreuses Loges, on interdit à l’apprenti de développer un sujet s’il effleure un symbole ou un mythe qu’il est supposé devoir ignorer.
Or, ce n’est pas en restreignant par des tabous le travail des néophytes que l’on pratique une véritable pédagogie de l’Eveil. Tous les profanes cultivés connaissent la légende d’Hiram.
La Franc-Maçonnerie, son symbolisme et sa mythologie constituent une part du patrimoine culturel de tous et non un compartiment isolé, réservé et tabou. Il est ridicule de ne pouvoir en parler à l’intérieur d’un Temple maçonnique et après y avoir été admis, parce qu’on l’aime et qu’on en attend beaucoup, avec la même liberté que dans un cénacle profane.
D’ailleurs, il y a, au niveau de la cérémonie d’initiation, au premier degré, un passage pendant lequel on soulève le bandeau et on permet au candidat de contempler une petite lumière, avant qu’il soit procédé aux voyages initiatiques.
Cela veut dire que si l’on veut faire des progrès, dans n’importe quel domaine que ce soit, il est nécessaire d’avoir une idée de ce qui est au-delà de son niveau. On avance mieux sur une route en regardant au delà de ses pieds…
Cela ne dispense nullement de faire un pas après l’autre bien au contraire, cela aide.
Par ailleurs, la perception intellectuelle d’un symbolisme associé à un degré que l’on ne possède pas ne déflore nullement la qualité de l’émotion ressentie lors du passage.
Le vécu demeure une expérience intransmissible par la parole. On peut parler longtemps et savamment d’un fruit, mais son goût ne se raconte pas. Par contre., il n’est pas inutile d’avoir de nombreuses notions sur le fruit que l’on se prépare à goûter.
L’apprenti doit travailler sur les symboles de son degré, les outils, la pierre brute, etc. sur les outils des constructeurs et sur l’intérêt de ce symbolisme, sur l’identité : FAIRE = SE FAIRE et sur l’intérêt de cette identité, etc.
Le second Surveillant doit le guider en lui montrant l’intérêt de cette démarche. Il doit lui fournir une documentation, lui procurer une bibliographie large, avec des auteurs et des points de vue différents.
L’apprenti Franc-Maçon est un adulte généralement cultivé qui doit être orienté dans ses recherches par des conseils, des incitations et des suggestions et non par des ordres et des interdictions.
Le second Surveillant fournit et commente la documentation aussi librement que l’apprenti l’explore.
Tout commence par la compilation. Il faut savoir, lorsqu’on aborde un sujet, ce que d’autres en ont dit. Aussi, condamner la compilation est absurde.
Par contre, le second Surveillant doit inviter l’apprenti à ne pas s’en contenter. Il faut que l’apprenti s’investisse personnellement dans son travail.
Si des volumes ont été écrits sur la pierre brute, il y a toujours autre chose à en dire, autre chose et autrement. Avec les sept notes blanches de notre gamme et à l’intérieur d’une seule octave, on peut toujours composer de nouveaux airs, après avoir écouté les compositeurs plus anciens.
La vie ne surgit pas « ex nihilo » et aucun être humain ne ressemble exactement à un autre. La compilation servile et l’imagination délirante sont les deux excès à éviter pour que le néophyte puisse avancer dans l’Art.
Notre voie ne se nomme-t-elle pas aussi, la Voie du Milieu ? Le second Surveillant, de même que tout Maître digne de son tablier, doit répondre avec bienveillance à toutes les questions, oui, toutes les questions que lui posent les apprentis. Il doit encourager les apprentis à poser des questions. Et si ces questions sont embarrassantes et qu’il ne connaît pas la réponse, il doit répondre tout simplement : « je ne sais pas « .
Personne ne se diminue en avouant son ignorance. Le plus éminent savant, celui qui possède une culture aussi vaste que l’on puisse imaginer, n’a jamais plus que des lacunes au sein d’une ignorance encyclopédique.
Socrate, que nous honorons dans nos Temples pour ses paroles qui montrent la voie : « Connais toi toi même et tu connaîtras l’Univers et les Dieux » aurait prononcé également ces paroles : » La seule chose que je suis sûr de savoir, c’est que je ne sais rien « .
Aussi, le Maître qui a peur d’avouer son ignorance à un apprenti n’a rien compris et l’apprenti qui est déçu du Maître, à cause de son ignorance sur un point ou un autre, n’a rien compris non plus.
Dans la Loge, nous nous aidons, en nous appuyant sur nos références particulières et en nous servant de nos outils, pour avancer vers la lumière.
Chacun porte un peu de lumière au milieu de son obscurité. Ces lumières, toutes modestes, doivent se réunir pour que le Temple soit éclairé.
Mais il n’y a pas deux castes : celle des néophytes qui ne savent rien et celle des Maîtres qui savent tout. Le second surveillant doit encourager la curiosité et la recherche, doit susciter les questions, doit y répondre s’il le peut et doit le dire quand il ne le peut.
En aucun cas, il ne doit tricher. Or, il n’y a pas de plus lamentable tricherie que de dire à un jeune Maçon qui pose une question : « Cela n’est pas de ton âge, attends, tu sauras plus tard »: Un Maître qui tient un tel langage mériterait de se voir arracher son tablier sur-le-champ. Il disqualifie la maîtrise.
Il n’est qu’un profane en tablier, c’est à cause de tels Maîtres que des Loges Maçonniques croupissent dans la médiocrité.
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